samedi 25 août 2012

Comme la lumière des lucioles (Antonio Tabucchi, 5)



  Quoi de mieux pour animer notre feuilleton Antonio Tabucchi qu'un peu de la prose de Tabucchi lui-même?
Et pourquoi ne pas la choisir dans Rêves de rêves, de ses recueils de textes courts certainement le moins orthodoxe?
Voici donc la suite - je savais que vous l'attendiez! - du Rêve de Giacomo Leopardi, poète et lunatique


Ils arrivèrent au fond du désert et contournèrent la colline, au pied de laquelle se trouvait une boutique. C’était une belle pâtisserie tout en cristal, qui étincelait d’une lumière d’argent. 

Leopardi regarda la vitrine, indécis quant à son choix. Au premier rang, il y avait les tartes, de toutes les couleurs et de toutes les dimensions : tartes vertes à la pistache, tartes vermeilles à la framboise, tartes jaunes au citron, tartes roses à la fraise. Puis il y avait les massepains, aux formes drôles et appétissantes : modelés en pomme et en orange, modelés en cerise, ou en forme d’animaux. Enfin venaient les sabayons, crémeux et denses, avec une amande par-dessus. 

Leopardi appela le pâtissier et acheta trois gâteaux: une tourte aux fraises, un massepain et un sabayon. 
Le pâtissier, un petit homme tout en argent, avec des cheveux d’une blancheur éclatante et des yeux bleus, lui donna les gâteaux et comme cadeau une boîte de chocolats. 

Leopardi remonta dans la calèche, et tandis que les brebis se mettaient de nouveau en chemin, il commença de déguster les choses exquises qu’il avait achetées. 


Rêves de rêves, Christian Bourgois Éditeur. 
Traduction de Bernard Comment.

Aucun commentaire: