jeudi 1 mars 2018

Et les parties avec d'autres couleurs (Ursula Le guin, 6; L'anniversaire du Monde, 5)


Les mêmes causes produisant les mêmes effets, je dois faire court aujourd'hui encore.
Nous nous contenterons, si vous le voulez, à l'abri des vents solaires dans notre arche interplanétaire bien calfeutrée, de contempler le modèle réduit en plastique d'une planète, que nous venons de sortir de sa boite (on appelle ça un globe terrestre, de Terra, planète-mère). Quelle drôle de chose, un corps céleste avec de l'air autour, pas dedans! Comment ça tient, sans colle? Comment ils faisaient les Terriens pour empêcher leur paradis de fuir comme une passoire?

Les parties bleues, c'était de l'eau, beaucoup d'eau, comme dans les hydrofuges, mais en plus profond, et les parties avec d'autres couleurs, c'était de la terre, comme dans les jardins mais en plus grand. Le ciel, ça elle n'arrivait pas à comprendre. Le ciel était une autre boule qui s'ajustait sur la boule de terre, avait dit Père, mais on ne pouvait pas le montrer sur le globe en modèle réduit, parce qu'on ne pouvait pas le voir. Le ciel était  transparent, comme de l'air. C'était de l'air. Mais bleu. Une boule d'air, et elle paraissait bleue quand on la regardait par en-dessous, et elle était à l'extérieur de la boule de terre. 
De l'air à l'extérieur. 
C'était vraiment bizarre.

Paradis perdus, dans L'Anniversaire du Monde


À suivre...


Aucun commentaire: